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11 mars 2013 1 11 /03 /mars /2013 12:12

Tombeau pour un paria inconnu

 

Cet homme, âgé de 42 ans, chaudronnier de profession, qui, le 13 février 2013, à Nantes, s’est suicidé par le feu, à peine inhumé, retombe dans le silence qui avait traversé sa vie, l’indifférence qui avait marqué son errance dans la société française. Anonyme, sans visage, sans image : une véritable conspiration. Même sa mort est frappée d’invisibilité. Le message est simple et net : pas la peine de vous fatiguer, suicidez-vous sans faire de bruit, on en parlera quelques minutes, quelques lignes dans les pages intérieures des journaux, pas plus.

 

Djamel Chaar avait pourtant tenté de sortir du néant, où il survivait depuis tant d’années, en imaginant une forme spectaculaire de suicide. Il avait même prévenu les médias. Deux échecs apparents : personne n’a pu l’empêcher de se suicider (pourquoi mobiliser assez de monde pour un simple paria ?) et il n’y a eu personne pour faire une photographie ou un film. Escamotée, la mort du paria. Annulée la sorte de manifeste qu’il avait construit.

 

Tel est le paria. Il n’existe qu’à une seule condition : être hors champ, c’est-à-dire ne pas être. Même son élimination doit rester cachée. Il ne faut rien voir, rien savoir, rien devoir. Son suicide doit demeurer une information, une petite phrase : le nommer, montrer son visage, son pauvre corps en flamme, jamais ! Il ne faudrait pas déclencher une embarrassante compassion. « Il faut éviter la tentation de l’imitation » disent les maîtres ; traduction : il n’est pas question de considérer ces gens-là ni de laisser croire qu’ils pourraient par ce biais acquérir quelque considération que ce soit. Ils n’étaient rien, eh bien ils le resteront. Ainsi est le paria. L’étudiant Yann Palach en Tchécoslovaquie (1969), les moines tibétains protestataires en feu, Mohamed Bouazizi en Tunisie (2010), ceux-là ont le droit de brûler en public de telle sorte que cela fait événement, de telle sorte qu’une certaine visibilité a lieu ; le paria non.

 

Son corps en flamme fut une torche humaine qui devait éclairer sa condition : c’était son ultime effort pour sortir de l’ombre. Le paria reste un être humain, malgré tous les efforts pour le faire descendre dans les limbes. Il aspire à la lumière, d’autant plus que, sur le papier, autant de droits lui sont dévolus qu’aux autres. Pourquoi ne pas y croire, à cette belle idée d’égalité et de dignité, née jadis sous les flonflons du 18e siècle ?

 

L’humanité réelle est en fait divisée en deux castes : ceux qui existent en disposant de droits qu’ils peuvent effectivement faire valoir, et ceux qui ne disposent plus des moyens effectifs de faire valoir leur droit. Ces derniers glissent sur une pente qui verse dans un obscur abyme sans fond.

 

Ce paria dont le suicide est invisible montre la vérité du capitalisme. L’argent est plus précieux que la marchandise, la marchandise plus précieuse que le travail, le travail plus précieux que le travailleur, le travailleur à peine plus que le chômeur qui, du fait de son état, n’a presque plus le droit de vivre. La leçon de l’escamotage du suicide de l’homme en fin de droits est cynique : tout à fait en bas de l’échelle des valeurs réelles (et non celle, irréelle, des valeurs proclamées), il voisine avec le néant et ne doit pas espérer en sortir, fût-ce en se suicidant. Même le désespoir ne sert à rien : il ne doit lui rester que la résignation, c’est-à-dire l’acceptation de la domination totale.

 

Semblablement au soldat de la guerre moderne, le chômeur est éliminable (mais par lui-même, ce qui permet de dissoudre encore mieux la responsabilité). Être dénué de valeur propre, il ne peut survivre qu’à la condition d’accepter l’esclavage sous contrat de l’hyper-modernité. Le règne de l’insécurité aussi grande que possible vise à diffuser une domination aussi acceptée que possible. Le suicide est donc l’unique issue pour les désespérés qui ne se résignent pas à la condition de paria. Telle est la pensée des maîtres.

 

À part quelques arriérés çà et là, plus personne aujourd’hui ne croit à l’existence des races, encore moins à leur inégalité. Cette quasi-unanimité cache une autre stratification, aussi violente : la division entre les ayant-droit et ceux qui ne le sont pas ou ne le sont plus, le peuple invisible des fins de droit. Pire, tandis que les races semblaient des natures immuables, profondément ancrées dans un sol biologique, la nouvelle division est flottante : tantôt je suis du bon côté, tantôt plus. L’insécurité ciblée et mobile est la grande ruse du capitalisme contemporain. C’est pourquoi le retour à la raciologie et au racisme, ou encore aux figures naturalisées des nationalismes, peut rassurer en stabilisant l’inquiétante perméabilité de la frontière entre ceux qui ont le droit d’exister et ceux qui ne l’ont pas.

 

Écrivant ces lignes, les larmes aux yeux, j’ai conscience de tremper ma plume dans le sang des millions d’exploités terrorisés par les rapaces spéculateurs, les industriels égoïstes et les politiques qui organisent savamment leur feinte impuissance. Non, le paria n’est pas une fatalité : il est le résultat de la convergence d’une politique, d’une stratégie et d’une gestion bureaucratique qui domine un troupeau humain composé de vivants bien dotés et de morts en sursis.

 

Jean-Jacques Delfour

 

Ancien Élève de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. Dernier livre paru : Petit abécédaire de haines salvatrices, Klincksieck, 2013.

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 21:50

L’Imposture nucléaire


Paru en partie dans Le Monde du 8 septembre 2012.

 

 

L’information commence à émerger : dans la centrale nucléaire de Fukushima, la piscine du réacteur 4, remplie de centaines de tonnes de combustible extrêmement radioactif, perchée à 30 mètres, au-dessus d’un bâtiment en ruine, munie d’un circuit de refroidissement de fortune, menace l’humanité d’une catastrophe pire que celle de Tchernobyl. Une catastrophe qui s’ajouterait à celles de mars 2011 à Fukushima : 3 réacteurs percés qui déversent leur contenu mortel dans l’air, l’océan et la terre.

 

Les ingénieurs du nucléaire ne savent pas quoi faire. Ils ont tellement déclamé que la sécurité nucléaire était, est et sera totale, que, lorsqu’une catastrophe majeure a lieu, personne n’a aucune solution à proposer. Telle est l’effroyable vérité que révèle Fukushima. Tchernobyl avait été mis au compte de l’incompétence technique des Soviétiques : impossible ici de resservir la même fable.

 

Si l’on fait usage de sa raison, il ne reste qu’une seule conclusion : l’incompétence radicale des ingénieurs du nucléaire. En cas de panne du circuit de refroidissement, si l’échauffement du réacteur dépasse un seuil de non-retour, il échappe au contrôle et devient un magma fusionnel de radionucléides, de métal fondu et de béton désagrégé, extrêmement toxique et incontrôlable (le « corium »). La vérité, posée par Three Miles Island, Tchernobyl et Fukushima, est que, une fois ce seuil franchi, les ingénieurs sont impuissants : ils n’ont pas de solution. Ils ont conçu et fabriqué une machine nucléaire mais ils ignorent totalement quoi faire en cas d’accident grave, « hors limite ». Ce sont des prétentieux ignorants : ils prétendent savoir alors qu’ils ne savent pas. Les pétroliers savent éteindre un puits de pétrole en feu, les mineurs savent chercher leurs collègues coincés dans un tunnel à des centaines de mètres sous terre, etc. Eux, non parce qu’ils ont décrété qu’il n’y aurait jamais d’accidents très graves.

 

Dans leur domaine, ils sont plus incompétents que les ouvriers d’un garage dans le leur. S’il faut changer le cylindre endommagé d’un moteur de bagnole, les garagistes savent comment faire : la technologie existe. Si la cuve d’un réacteur nucléaire est percée et si le combustible déborde à l’extérieur, les nucléologues ne savent aucunement ce qu’il faut faire. On objectera qu’une centrale nucléaire est plus complexe qu’une bagnole. Certes, mais c’est aussi plus dangereux. Les ingénieurs du nucléaire devraient donc être au moins aussi compétents dans leur propre domaine que ceux qui s’occupent de la réparation des moteurs de bagnole en panne : ce n’est précisément pas le cas.

 

Le fait fondamental est là, affolant, incontestable : les radionucléides dépassent les capacités technoscientifiques des meilleurs ingénieurs du monde entier. Leur maîtrise est partielle et elle devient nulle en cas d’accident hors limite, là précisément où on attendrait un surcroît de compétence : telle est la vérité, la stricte vérité, l’incontestable vérité.

D’où l’aspect voyante à la boule de cristal des « spécialistes » du nucléaire. La contamination nucléaire ? Sans danger, affirment-ils, alors qu’ils n’en savent rien. L’état du réacteur détruit sous le sarcophage de Tchernobyl ? Stabilisé, clament-ils, alors qu’ils n’en savent rien. La pollution nucléaire dans le Pacifique ? Diluée, soutiennent-ils, alors qu’ils n’en savent rien. Les réacteurs en ruine, percés, détruits, dégueulant le combustible dans le sous-sol de Fukushima ? Arrêtés à froid et sous contrôle, assurent-ils, alors qu’ils n’en savent rien. Les effets des radionucléides disséminés dans l’environnement sur les générations humaines à venir ? Nuls, clament-ils alors qu’ils n’en savent rien. Les risques de pollution marine due aux explosions atomiques dans les atolls de Polynésie ? Inexistants car l’explosion vitrifie les roches, prétendent-ils, alors qu’ils n’en savent rien. L’état des régions interdites autour de Tchernobyl et Fukushima ? Sans nocivité pour la santé, aujourd’hui, comme pour des décennies, proclament-ils, alors qu’ils n’en savent rien. Pour qui les radiations sont-elles nocives ? Seulement pour les gens tristes et soucieux, avancent-ils, alors qu’ils n’en savent rien. Ce sont des devins. L’art nucléaire est un art divinatoire. – C’est-à-dire une formidable tromperie.

 

Le nucléaire, la pointe avancée du savoir technoscientifique, une sorte de religion du savoir absolu, se révèle d’une faiblesse extrême non pas par la défaillance humaine mais par manque de savoir technoscientifique. Quelle que soit la cause du franchissement du seuil de non-retour (attentat terroriste, inondations, séismes), l’incapacité de réparer réellement et de contrôler la dissémination des radionucléides manifeste un trou dans le savoir qui menace la certitude de soi des modernes. Ils prétendaient avoir rompu avec la superstition et les conduites magiques. Le nucléaire est l’expérience d’une brutale blessure narcissique dans l’armature de savoir dont s’entoure l’homme moderne, faille qui engendre une vulnérabilité maximale et une impuissance qu’ils ont eux-mêmes organisée.

 

En effet, le refus de considérer la possibilité réelle d’un accident hors limite a pour conséquence la négligence pratique (toute réputation de certitude induit une somnolence confiante et une baisse de la vigilance quotidienne) et l’indisponibilité de fait des moyens techniques appropriés à ces situations hors limite. Ces moyens n’existent pas aujourd’hui ; et personne ne sait si l’on peut les fabriquer. Peut-être qu’un réacteur « hors limite » est techniquement absolument incontrôlable ou irrécupérable. Je ne le sais pas et aucun nucléologue ne le sait aujourd’hui ; mais il est sûr que personne ne le saura jamais si l’on n’essaye pas de fabriquer ces outils techniques. Or l’affirmation d’infaillibilité empêche leur conception. Ce chantier impliquerait d’avouer une dangerosité jusqu’ici tue et de programmer des surcoûts jusque-là évités. Ainsi, l’infaillibilité des papes du nucléaire a plusieurs avantages : endormir les consciences et accroître les profits, du moins tant que tout va bien ; l’inconvénient est de nous exposer sans aucun recours à des risques extrêmes.

 

Tout savoir scientifique ou technique est incomplet et susceptible de modification. Affirmer l’infaillibilité d’un savoir technoscientifique ou se comporter comme si cette infaillibilité était acquise, c’est confondre le savoir avec une religion séculière, qui bannit le doute et nie l’échec. D’où l’effet psychotique de leurs discours (infaillibles et certains) et de leurs pratiques (rafistolages et mensonges). Ce qu’une branche de la psychiatrie appelle une « double contrainte ». Chacun est sommé d’un côté de leur reconnaître une science et une technique consommées et de l’autre de se taire malgré le constat de leur échec. Bref, le nucléaire rend fou. Mais ce n’est qu’un des aspects de notre condition nucléaire.

 

L’Europe n’a pas encore eu son accident très grave : que dit le candidat Fessenheim ?

 

Contaminés de tous les pays, unissez-vous !

 

Jean-Jacques Delfour

 

 

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7 septembre 2012 5 07 /09 /septembre /2012 14:07

 

A paraître: La condition nucléaire. Essai sur la situation atomique de l'humanité .

PARUTION: 24 JANVIER 2014

 

De nouveaux détails ici-même

 

Prière d'insérer et table des matières d'un livre écrit entre mars 2011 et mars 2013.

 

Cf. aussi une tribune, parue dans Le Monde daté du 8 septembre 2012, qui considère la question de l'incompétence: L'imposture nucléaire. Cf. aussi: Nucléaire et jouissance technologique dans Le Monde du 11 avril 2011 et Sortir du nucleaire ou y rester une meme illusion dans Libération. Voir aussi: Radio-Galère émission du 12 février 2013. Voir également: Le mythe de la dissuasion nucléaire, paru dans la Libre Belgique du 26 août 2013.

 

 

condition nucleaire

 

Prière d’insérer

En France, malgré l’apparence, le nucléaire est tabou. Si quelques ONG, Greenpeace, Sortir du Nucléaire ou les Amis de la Terre, en disent tout le mal qu’elles peuvent, la critique reste une affaire pratique. Quelles actions ? Quelle efficacité médiatique ? Quelles alternatives ? Quelles contre-argumentations ad hoc ? La catastrophe de Fukushima, toujours en cours et hors de maîtrise, n’a guère changé la donne.

 

En face, l’union parlementaire sacrée entre droite et gauche et la minoration permanente des risques, le refus de divulguer les données, l’opacité quand ce n’est pas le mensonge, l’absence de débat public réel, l’invisibilité des nucléocrates, leur place dominante au sommet de l’ONU et au-dessus des États.

 

Dans les deux cas, le symptôme est le même : pas de pensée du nucléaire mais seulement des positions. Sorti de ces guerres d’arguments voire de slogans, le paysage intellectuel français est quasi désertique : aucune théorie de fond, quelques études locales (de sociologie le plus souvent), un peu de prospective qui évite le sujet.

Solidement appuyé sur des connaissances sérieuses, ce livre vient combler cette lacune en proposant un système d’hypothèses philosophiques qui permet de penser ensemble l’histoire, la technologie atomique, la société et le capitalisme nucléaires, en prenant pour concept clef la notion de « jouissance technologique » (utilisée dans un précédent livre Télé, bagnole et autres prothèses du sujet moderne, 2011).

 

Loin d’être seulement une technologie, bien au-delà de la catastrophe de Fukushima, le nucléaire est une structure de notre civilisation. D’où la notion de « condition nucléaire ». Le lecteur pourra en suivre la construction en examinant la compétence subtile des ingénieurs, la jouissance technoscientifique liée à l’invention d’éléments chimiques qui n’existaient pas dans la nature (les transuraniens), la mythologie de l’abondance énergétique, l’implication multiforme dans les réseaux nucléaires, le sourd désir d’explosion atomique, la banalisation du désastre, le démenti du jusnaturalisme par la thèse de la destructibilité de l’homme moderne, la constitution d’une domination oligarchique appuyée sur la puissance d’anéantissement et la terreur, l’érotisation de la nihilité atomique, l’invention de la catastrophe interminable, la conviction que là où ça explose le savoir doit advenir, la dévalorisation radicale de l’être humain, la sécurité comme impératif hypothétique, la contamination généralisée comme politique mondiale, la sidération publique et l’absence de pensée et d’art, l’exploitation des générations à venir, etc. Bref, notre « condition nucléaire ».

Contaminé-e-s de tous les pays, unissez-vous !

 

Sommaire

   

 

Du droit absolument légitime de penser le nucléaire. 3 

   Là où croît la philosophie, là croît aussi ce qui sauve. 3

   Le nucléaire entre continuité politique et nouveauté technique. 4

   Déception, désir de connaissance et morale. 5

   Les passions nucléaires. 8

   Risques majeurs et stratégie de dissimulation. 10

   La minoration de l’impératif de sécurité. 12

   Simplicité de la question. 14

   Le coup de force de l’expertise. 15

   La jouissance du négatif. 16

   Stendhal 17

 

Chapitre 1. Condition nucléaire et jouissance technologique. 19

§ 1. La condition nucléaire : esquisses et hypothèses. 19

§ 2. La compétence clivée des ingénieurs du nucléaire. 25

§ 3. Jouissance technoscientifique et création des « transuraniens ». 30

§ 4. L’implication multiforme dans la condition nucléaire. 35

§ 5. Les quatre raisons qui rendent normale la catastrophe nucléaire. 39

§ 6. Histoire psycho-politique des machines nucléaires. 42

§ 7. Bref aperçu sur la jouissance capitalistique. 46

§ 8. La jouissance technologique atomique : du projet d’immortalité au programme inconscient d’extermination.

 

47

 

Chapitre 2. Totem atomique, tabou nucléaire. 58

§ 9. Le nouveau monde à catastrophe interminable. 58

§ 10. Sortir du nucléaire ou y rester : des présupposés communs sous l’apparente discorde. 61

§ 11. Le plutonium et les récits de l’enfer 63

§ 12. Hiroshima et le roman du droit international ; inanité de la dissuasion nucléaire. 65

§ 13. La destructibilité de l’homme moderne et le silence des intellectuels. 68

§ 14. L’éternité nucléaire : le problème interminable des déchets radioactifs. 71

§ 15. Le nucléaire : objet schizophrénique, anti-démocratique. 72

§ 16. L’architecture psycho-politique de la condition nucléaire. 75

 


Militer pour la vie, c’est-à-dire pour la biotechnique. 80

   Radiographie du désespoir 80

   L’appel de la catastrophe à ma responsabilité. 82

   L’enfant source de devoir 83

   Réalisme et progressisme. 84

   Structure et fonction de la dévaluation de l’environnement 85

   Militantisme et politique. 88

 

 

Annexes. Quelques brèves leçons sur le cas Fukushima. 89

  a. Fukushima ou le cosmopolitisme nucléaire. 89

  b. La mauvaise réputation et la nullité de l’homme moderne. 91

  c. Prestidigitation nucléaire et schématisme idéologique. 92

  d. L’avenir du commerce des marchandises contaminées. 93

  e. Journalisme de propagande et idéologie du courage. 94

  f. L’explosion de l’unité 3 et les tactiques de désinformation. 96

  g. Le linceul des larmes. 99

  h. La solidarité des ébranlés. 101

  i. De l’invisibilité multiple du nucléaire. 102

  j. Sacrifice des enfants sur l’autel du nucléaire. 104

  k. Minimiser Fukushima. 105

  l. Droit, pouvoir et violence nucléaire ; l’hypothèse totalitaire. 106

 m. Fukushima : la croisée des chemins. Éloge du militantisme de la vie. 109

 

Bibliographie. 114

 

Remarque éditoriale. 116

 

 

 . 94

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25 décembre 2011 7 25 /12 /décembre /2011 12:32
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23 décembre 2011 5 23 /12 /décembre /2011 20:13

 

Le critique américain de Variety magazine, Jay Weissberg, a raison : ce film est raciste. Driss est un singe de compagnie apte à distraire le riche malheureux. Un bouffon donc qui est la déclinaison d’un archétype, celui du Noir primitif apprivoisé, inoffensif, rieur, bon enfant, celui que la civilisation européenne a enfin réussi à domestiquer. En fait, Driss condense deux stéréotypes racistes. Le Noir inculte, primaire, le bon sauvage qui aime rire : il trouble à peine, tel un jeune chien fou et attachant, le milieu du richissime tétraplégique. L’autre archétype est celui du Noir pas intégré (un peu délinquant) mais assimilé, qui a intériorisé les valeurs de la bourgeoisie : culte de la marchandise, amour des inactivités ludiques, loyauté professionnelle. Il jouit de la grande baignoire, de la grosse bagnole et des belles fringues. Il fait son boulot.

 

Une figure rassurante qui convoque le vieil archétype du « Noir soumis » construit à coup d’expositions coloniales, de zoos humains, de Tirailleurs sénégalais, de massacres et d’esclavagisme ; en somme une figure moins angoissante que celle de l’Arabe. C’est l’autre aspect raciste du film. La substitution du bon Black apprivoisé à l’Arabe supposé ingérable vise à reléguer ce dernier dans l’ombre (Abdel Sellou apparaît à peine, à la fin, au second plan, comme s’il fallait le cacher). Cette sortie de l’Arabe hors de la scène de l’histoire est liée à l’angoisse xénophobe, amplifiée par la guerre d’Algérie et les conflits récents dans le monde arabe. Le Noir est perçu comme inoffensif, anesthésié, de telle sorte qu’il peut se substituer à l’Arabe perçu comme inquiétant, inassimilable comme le répète à l’envi les obsessionnels racistes.

 

Driss aime le fric et il respecte la hiérarchie sociale. Il est donc acceptable : sa négritude ne suscite aucune xénophobie parce qu’elle est effacée. L’annihilation de l’étrangeté du Noir est le programme culturel de son sauvetage. L’Arabe en revanche est évacué de la scène du film comme il doit être fantasmatiquement évacué de l’histoire de la société française. Le film s’accorde discrètement avec le rêve éliminationniste de l’extrême-droite française : supprimer les Arabes et les Étrangers.

 

Si ce double racisme est à peu près invisible, c’est parce que Driss condense un troisième archétype issu de la culture populaire. Le garçon contestataire, révolté mais pas révolutionnaire, courageux, au bagout talentueux, à l’esprit débrouillard, opportuniste, gouailleur et comique. Une figure qui a bien deux siècles et qui est entrée dans la littérature au moment où les classes populaires essayaient d’entrer sur la scène de l’histoire occupée par la bourgeoisie souveraine. Driss est un Gavroche des temps modernes : issu du peuple, il ne peut compter que sur lui-même, sur sa ruse et son culot. Driss est le Noir idéal : ni Arabe, ni vraiment Black, il ne revendique rien et ramasse les quelques miettes qui tombent de la table des riches. Un blanc à peau noire, qui accepte en souriant la servilité du bouffon.

 

Jean-Jacques Delfour

 

Quelques critiques du film:

 

Les 30 ans de retard d'Intouchables, par Zig Blanquer et Pierre Dufour, sur Mediapart

"Intouchables": Cendrillon des temps modernes par Jean-Jacques Delfour (Libération)

«Intouchables»: la preuve par l’œuf Par Marcela Iacub (Libération)

J’ai aimé «Intouchables», et alors ? Par Sylvie Granotier (Libération)

«Intouchables», un film qui «flirte avec le racisme» ?

Peut-on toucher à «Intouchables» ? Par Gérard Lefort, Didier Péron, Bruno Icher (Libération)

Hit French movie 'Intouchables' has some crying 'racism' par Devorah Lauter (Los Angeles Times)


 

 

 

 

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9 décembre 2011 5 09 /12 /décembre /2011 19:19

 

Beaucoup de clichés. Le bon flic à qui ça tord les tripes de ne pas pouvoir trouver un lieu d’accueil pour un petit enfant et sa maman qu’on doit séparer ; le bon flic un peu impulsif qui balance un coup de poing à un père violeur (un tel acte dans la réalité est totalement invraisemblable) ; le bon flic qui secoue le bureau de son supérieur débonnaire mais impuissant. Ou encore cette scène particulièrement pénible : une adolescente qui reconnaît avoir fait une fellation à un garçon pour récupérer son portable est tournée en dérision par les policiers (heureusement des femmes) ; aucune sympathie ni compréhension pour cette jeune fille qui ne se rend pas compte de la gravité de ce qu’elle a accepté de faire : seulement un gros, épais et long ricanement ; est-ce un film misogyne ? Ou cette autre scène, qui sent le règlement de compte social : une mère, effondrée, qui découvre que son mari, un grand bourgeois, viole sa fille et qui est humiliée par les policiers. Enfin, un morceau de bravoure : celle qui incendie (au figuré) un père musulman qui veut marier de force sa fille. Bref, de la moraline parfumée aux gros mots.

 

Toute une charge hystérique traverse ce film où ce que se racontent les flics entre eux est plus important que leur métier. Une photographe débarque afin de faire un reportage et mitraille tous azimuts. Précisément, on lui reproche de caricaturer leur travail, de le réduire à des interventions plus ou moins brutales. Outre que le spectateur ne voit jamais les photographies en question, elles servent visiblement à faire croire que le film ne tombe pas dans ce travers et expose la complexité du métier : « c’est plus complexe que ça ! » dit le héros.

 

Beaucoup de cris, d’engueulades, voire de violence ; mais le message de surface glorifie nettement ces héros du quotidien (ils sont parfaits, gentils, touchants, sincères) contraints d’agir avec de faibles moyens dans une société méchante, avec des chefs incapables. Beaucoup de sentimentalisme dans un film finalement caractérisé par le voyeurisme : le suicide final d’une des policières, mauvais objet pointé comme tel, au ralenti, est d’une extrême obscénité et suggère à quel point ce film détestable fait fausse route. Comme le disait Gide à propos de la littérature, ce n’est pas avec de bons sentiments qu’on fait du bon cinéma.

 

Les crimes pédophiles suscitent une excitation psychique chez toute personne normale ; en dérive une jouissance inconsciente qui accompagne toute représentation des violences sexuelles, surtout sur les enfants qui sont des trésors dont l’idée de la profanation projette dans des émois difficiles à contrôler (colère, etc.). Les auteurs de ce film n’ont pas réussi à résister à cette jouissance intime autour de la représentation du crime sexuel. La mise en scène s’efforce de la contrôler sans y parvenir. La photographe est justement la figure du voyeurisme – ou de la jouissance à y penser – qu’il s’agit de rejeter : sa rédemption (elle aime le bon héros impulsif qui a du mal à résister à ses propres affects) figure un désir inaccompli, un souhait raté. Autrement dit, selon ce film, on ne sort jamais de ses affects ; travailler, faire son métier, n’est pas possible sans une surexcitation permanente. Un film d’adolescent sur un métier d’adulte. D’ailleurs, nous n’apprenons rien sur l’histoire de vie des policiers : ils sont sans passé ; ils ont juste une vie de couple actuelle envahie par les affects d’origine professionnelle.

 

Impossible de faire un film ou un documentaire sur des sujets si sensibles (traduire : si excitants) sans avoir pris conscience de la jouissance éprouvée à la simple rêverie sur ces sujets si sensibles (traduire : si compromettants, psychiquement parlant) et sans avoir ensuite diminué et converti cette excitation en désir de vérité.  L’accent mis sur les états psychiques des policiers ou sur les scènes d’action traduit précisément cet oubli du réel et cette hypertrophie de l’approche hystérique et passionnelle.

Jean-Jacques Delfour

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 11:08

 

Ce film violent et hypnotique est un réquisitoire contre la vieillesse égoïste, privilégiée, carnassière, qui vampirise la jeunesse vulnérable, précaire, dépendante. L’héroïne, une étudiante, semble d’abord une battante froidement à l’affût de toute opportunité rémunératrice. Elle enchaîne divers jobs (qui dessinent une constellation de servitude, voire d’avilissement). Mais elle sort aussi le soir, par plaisir, et s’offre à des hommes de passage, plus âgés qu’elle. Pas de prostitution semble-t-il mais le plaisir de coucher avec des hommes plutôt aisés. Donc un personnage pervers, plus excité par des expériences sexuelles nouvelles que par le seul appât du gain. La crémation paradoxale de quelques dollars suggère qu’une jouissance diverse, ludique, expérimentale, est son moteur.

 

La scène centrale consiste dans une prostitution au carré. La jeune étudiante, à la peau blanche et diaphane, à la longue chevelure, au corps ferme, svelte, magnifique, un rêve de Botticelli, se laisse consciemment droguer et livrer à d’immondes vieillards qui tentent d’abuser d’elles, autant que leur faiblesse le leur permet. C’est ce noyau orgiaque et sordide qui constitue le thème central du film et le sens réel du titre. « Beauté endormie » est une euphémisation : il s’agit d’une putain comateuse qui illustre une terrible observation de Beauvoir dans Le Deuxième sexe : un homme pourrait avoir un rapport sexuel avec un cadavre de femme. Les hommes sont ici de vieux ogres qui dévorent cette beauté endormie, d’une manière si abjecte que même la caméra se détourne, laissant au spectateur le soin d’imaginer la suite, écœurante et révoltante.

 

Le vieux conte de « La belle au bois dormant » signifiait déjà la jalousie d’une vieille fée qui punit la belle princesse (la haine d’une vieille pour une jeune). À l’inverse du conte de Perrault, la jeune fille, dans le film, n’est protégée par personne. La mauvaise fée est l’ami des vieillards qui essayent, avec peine, de la violer. Leur haine pour la jeunesse est si grande qu’ils ne veulent même pas se payer une prostituée consciente : leur honte d’eux-mêmes ne les autorise qu’à manipuler, souiller, insulter, tripoter une femme inerte, abandonnée, morte pour ainsi dire. L’inconscience de la jeune femme signifie à la fois l’essence de la prostitution (négation morbide de la subjectivité de l’autre) et figure une vision possible de la vieillesse : la haine de la vie, la haine viscérale de la jeunesse. La jeune femme inerte, blanche comme un linceul, est leur image renversée : encore vivants en apparence, ils sont déjà morts.

 

Le film montre une aliénation presque totale : la jeune fille consent pleinement à cette prostitution au carré. Elle est intérieurement soumise à l’idéologie des vieux qui profitent d’elle. Loin d’en contester l’existence, son seul effort, via une caméra cachée par ses soins, de restaurer un peu de subjectivité et de souveraineté, bute sur une situation il est vraie inattendue et exceptionnelle. Le suicide d’un des vieux violeurs, qui semble plus raffiné que les autres, suggère un équilibre scénaristique : ne faut-il pas attendrir aussi en faveur du vieux qui, sans cela, serait un mauvais objet unilatéral ?

 

Ce repêchage in extremis ne change pas grand chose à ce réquisitoire contre notre société où les jeunes sont pauvres, méprisés, dépendants, abandonnés, prostitués. Un horrible miroir qui renvoie aux adultes une image peu aimable d’eux-mêmes. Mais aussi aux jeunes : l’image d’une aliénation consentie, d’une dépravation acceptée. Un monde où l’esclavage est si évident qu’il est proposé par ceux qui le subissent, qu’il est aimé par ceux-là même qu’il souille et avilit.

 

Ce film montre certes la domination devenue totale de la marchandise. Les vieux riches et pervers semblent les vainqueurs et les jouisseurs ultimes. Cependant, leur argent et leur pouvoir ne les sauvent ni de la décrépitude physique, ni du désespoir – une revanche indirecte. Il y règne comme un air de cimetière : un pessimisme civilisationnel patent.

 

Jean-Jacques Delfour

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8 décembre 2011 4 08 /12 /décembre /2011 10:17
 

Ce film est une passe prostitutionnelle déviée. Dans la réalité, celle du spectateur de film ou celle du client, le fantasme ou le rapport sexuel sont constitués par une cécité à la souffrance de l’autre. Ici, précisément, la proposition de jouissance iconique débouche sur la vérité de la prostitution. L’image filmique risque de répéter la censure inconsciente de la violence prostitutionnelle : son caractère irréel s’accorde avec la négation de la prostituée dans le commerce sexuel.

 

Or, c’est la surprise de ce film : une révélation philosophique de la politique propre à la prostitution. Ce surgissement soudain et brutal de la vérité ne fait pas plaisir et inscrit ce film dans la tradition du film militant sans militantisme, celle de l’art politique. Le film excite et il confronte cette excitation (qui habite homme et femme) à la vérité cachée de la prostitution : la mutilation. Au voyeur qui sommeille en chacun, le film retourne le cauchemar atroce qui en est le pendant réel.

 

Il démarre par des images séduisantes. Il convoque des représentations hédonistes et suaves, des images de maisons closes supposées feutrées, dorées, finalement pas si terribles. L’ambiance retro contribue à déréaliser ces images idéalisées, d’un exotisme historique, dénuées d’émotions et d’implications, où règne une beauté inflétrissable.

 

C’est progressivement que l’on perçoit la violence. Un déni de leur statut de sujet : elles sont les objets sans conscience, sans volonté, sans dignité, des désirs masculins. Leurs corps, magnifiques, sont, dans la prostitution, des dépotoirs : des corps fétiches qui absorbent les fantasmes et les éjaculations des mâles agressifs. Le commerce sexuel est filmé ; cependant, l’adresse n’est pas faite à un spectateur voyeur mais plutôt à un spectateur ethnographe. Que signifie le rapport sexuel en tant que relation sociale ? Le film répond sans équivoque : malgré les sourires, la bonne éducation, le champagne, l’élégance des visiteurs, une pulsion de mort.

 

C’est là qu’intervient la scène clef. Elle surgit soudainement, sans qu’on comprenne sa signification : une des filles a le visage couvert de sang. Image choquante, sans raison. Image donc traumatisante. Tout le film tourne autour de ce trauma. Il est précédé par la narration d’un rêve qui dit l’évidement intérieur du corps de la prostituée par le pénis et le sperme lequel coule comme des larmes. Ce rêve est symboliquement très clair et sert de cadre herméneutique à l’interprétation de la mutilation. L’image qui, à la fin du film, figure ce rêve, transforme la prostituée mutilée en pietà d’elle-même : l’être humain crucifié, le nouveau Christ réel, aujourd’hui, c’est la prostituée (ses deux bras ligotés rappellent ceux des représentations christiques). Elle pleure sur l’enfance assassinée, sur la femme souillée et piétinée. Sur le désespoir sans fond, solitaire, sur l’avilissement inguérissable.

 

Ce film montre la vérité de la prostitution (c’est-à-dire sa violence radicale, la négation du sujet, son objétisation ou sa réification). La scène de la mutilation est, telle qu’elle est située dans la narration affective, un archétype cognitif. Elle choque : elle mobilise des affects de peur et de dégoût qui sont confrontés aux affects hédonistes précédents. Et elle énonce la vérité de la sexualité prostitutionnelle, c’est-à-dire le viol, le traversement du corps de la prostituée qui est totalement offert, logé dans un espace totalitaire, une prison double : la carcéralité spécifique de la maison close et la carcéralité sexuelle elle-même (le fait que la prostituée soit pur objet, c’est-à-dire un sujet qui consent à sa négation et l’organise) qui répète et renforce la première.

 

La scène de la mutilation figure la violence prostitutionnelle : le couteau agité dans la bouche est un symbole phallique auquel s’ajoutent la menace et le forçage. La virilité angoissée tend au meurtre, voire à l’assassinat, à cause de ce qui résiste dans le corps de la femme, c’est-à-dire en réalité le propre corps de l’homme et sa béance intérieure : le fait radical que sa jouissance dépende de la femme (tant dans la sexualité hédoniste que dans la sexualité reproductive). Le visage défiguré, la « femme qui rit » dit-on dans le film, allusion au livre de Victor Hugo, L’homme qui rit, porte la marque de la castration, non pas celle qui affecte prétendument le corps de la femme, privé de pénis, mais celle qui atteint réellement le corps de l’homme : sa dépendance. La mutilation est l’effort d’extrader cette dépendance, cette impuissance, et de la fixer sur la femme. En réalité, du point de vue de l’homme, il s’agit seulement d’un masque, d’un paravent ; où l’on aperçoit l’abyme entre la subjectivité masculine et l’expérience de la prostituée, objectivement mutilée.

 

La prostitution est un dispositif social chargé de renverser cette dépendance en la contractualisant : c’est l’homme qui choisit la femme, la soumet via le contrat marchand à son fantasme et croit ainsi effacer la dépendance initiale. La négation de la subjectivité de la femme fait partie de la crédibilité du contrat marchand. La marchandise étant à la fois symbole du désir et négation du sujet (elle est foncièrement objet), la prostitution décapite symboliquement la femme pour en faire un objet mort, une marchandise remplie et déterminée par le désir masculin. Mais elle n’est pas tuée au sens littéral. C’est pourquoi cette horrible plaie est la bonne figure, un symbole efficace. La manière dont tout le scénario en fait l’élément central non seulement du récit mais surtout de l’expérience spectatorielle, affective et cognitive, confirme l’intention politique et l’exactitude herméneutique.

 

La séquence finale s’efforce d’éviter la coupure défensive avec la prostitution contemporaine. L’actrice qui joue une prostituée d’aujourd’hui était précisément celle qui se droguait dans la maison close (tabac et alcool permettent, jadis comme aujourd’hui, de « supporter »). Si les modalités ont changé – les maisons closes ont été fermées en 1946 – la violence demeure la même. Espérons que ce film militant ne sera pas vu seulement par les cinéphiles.

 

 

Jean-Jacques Delfour

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5 octobre 2011 3 05 /10 /octobre /2011 10:24

 

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Philosophie clinique et micrologique

 

Ouvert le 5 octobre 2011, il reprendra, petit à petit, une partie des articles publiés sur "Philosophie du Visible" et accueillera d'autres textes divers: philosophie clinique, micrologie, recensions, critiques.

 

5/10/2011

 

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